J’ai profité du temps de Toussaint de cette fin juillet pour relire avec grand plaisir « Blum le
magnifique » paru en 2021 aux éditions de l’Observatoire.
L’auteur - Frédéric Salat-Baroux, haut fonctionnaire, chiraquien grand teint - ne cache pas
l’admiration qu’il éprouve pour Léon Blum. Le livre n’est pas une biographie intégrale mais
un excellent portrait décryptant l’itinéraire de ce jeune intellectuel qui incarna magnifiquement cette passion juive pour la France. Au fil du récit qui s’arrête à la fin du congrès de Tours de 1920, Salat-Baroux montre que rien ne prédisposait Blum à une carrière politique : passionné de littérature, le futur Président du Conseil, exerce brillamment le métier de critique littéraire, puis, chargé de famille, ce fin juriste entre au Conseil d’État.
Son entrée en politique est la résultante de deux chocs : l’Affaire Dreyfus et sa rencontre avec
Jaurès dont il sera l’un des collaborateurs. Après l’assassinat du leader socialiste, Blum devient l’un des dirigeants de la SFIO. Lors du congrès de Tours qui verra la scission du parti et la création du PCF, il ne plie pas le genou devant les exigences de Lénine au sommet de sa puissance ; actant le départ des léninistes, il prononce la fameuse phrase : « Nous sommes
convaincus, jusqu’au fond de nous-mêmes, que, pendant que vous irez courir l’aventure, il
faut que quelqu’un reste garder la maison. »
La mémoire collective française retiendra de Blum comme étant l’acteur majeur du Front Populaire. Cependant, le portrait de Salat-Baroux permet de découvrir avec bonheur ce versant moins connu de L’ancien président du Conseil : celui d’un jeune intellectuel patriote, pétri de culture et passionné de littérature.
Alain Camilleri
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