Leymah Gbowee, Prix Nobel de la Paix 2011
Cette année, la fête internationale de la femme a coïncidé avec l’inscription dans la Constitution d’un article stipulant que désormais « la loi détermine les conditions dans lesquelles s’exerce la liberté d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ». Nous, qui nous sommes battues pour la cause des femmes, notamment pour le droit à l'IVG, aurions sûrement préféré une rédaction plus directe garantissant le droit à l'avortement. Espérons que cette inscription dans la Loi suprême empêchera toute tentative de recul régressif.
Le jour de fête dédiée aux femmes du monde entier, une forte pensée et émue a été adressée aux femmes encore otages du Hamas et, bien sûr, à celles qui ont été tuées le 7 octobre par cette organisation terroriste. Nous pensons, avec effroi, à ces femmes otages et ce qu'elles peuvent subir. Comment ne pas penser aussi à nos sœurs qui vivent dans des dictatures leur imposant le port de la burqa ou du niqab et qui sont menacées, pourchassées, arrêtées par une police des mœurs d’un autre âge. Sans compter que certains de ces pays, dotés de législations médiévales disposent de représentants siégeant dans les instances internationales au titre des droits l'homme … et de la femme, cette dernière étant encore contrainte, dans ces mêmes pays, d’obtenir l’autorisation du père, du frère ou du mari pour étudier !
N'oublions pas non plus ces femmes, vivant dans nos pays réputés évolués qui perdent la vie sous les coups de leurs compagnons. Féminicides tragiques donnant lieu à une comptabilité macabre dont le niveau ne baisse pas d’une année sur l’autre.
Enfin, n'oublions pas aussi la détresse des femmes seules, accablées par la pauvreté qui les jette à la rue, en proie aux pires agressions.
Les féministes des années 60 et 70 auraient difficilement imaginé se retrouver en 2024 à devoir se battre de nouveau dans une Union Européenne dans laquelle certains pays sont gouvernés par des dirigeants revenant sur les acquis des droits des femmes.
Un mot sur MeToo. Ce ne sera pas la première fois ni la dernière que je critique ce mouvement qui continue à se focaliser sur les dérives masculines du monde du spectacle. Sans nier ou minimiser les exactions commises par ces prédateurs masculins s’estimant intouchables, je regrette que les leaders de MeToo passent sous silence les crimes commis à l’encontre de femmes issues d’autres milieux, de condition modeste ou victimes de bourreaux tenants d’un obscurantisme idéologique.
Durant la journée internationale de la femme, il est impossible de se réjouir car ce sera vraiment une fête lorsque les représentantes de la moitié de l’humanité auront partout dans le monde les mêmes droits ; y compris les femmes de certains pays dits « évolués » qui se battent aujourd’hui pour recouvrer des droits acquis et remis en cause par des gouvernements rétrograde ou réactionnaires.
Puisse, dans un avenir le moins lointain possible, le 8 mars permettre de nous réjouir sans entraves et sans nous battre pied à pied pour des droits encore trop souvent piétinés. Enfin, celles qui ont la chance de pouvoir vivre en liberté, je n'ai qu'un mot à leur dire : n'oubliez pas les femmes qui souffrent et, trop souvent, meurent pour obtenir le droit de parler !
Image par Shima Abedinzade de Pixabay
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