La source de cette polémique est une décision du nouveau ministre de l’Éducation Nationale interdisant le port de ce vêtement dans l’enceinte des établissements scolaires en raison de sa connotation religieuse.
Pourquoi donc une telle décision alors que la loi de mars 2004 dispose que « Dans les écoles, les collèges et les lycées publics, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit » ? Là encore l’explication tient en un seul mot. : contournement ! Prenant en considération les signalements de nombreux chefs d’établissements, le ministre a perçu de la part des promoteurs de l’abaya une volonté à peine dissimulée : contourner la loi en essayant d’imposer un « simple vêtement » permettant d’opérer parmi les élèves une distinction communautaire et, à dire le vrai, confessionnelle.
Naturellement, certaines « bonnes âmes », ayant de la laïcité et du féminisme une conception à géométrie variable, se sont emparées du sujet avec les éléments de langage habituels : « phénomène ultra-minoritaire, stigmatisation sexiste voire raciste, police du vêtement et atteinte à une liberté fondamentale ». C’est d’ailleurs sur la base de ce dernier vocable qu’une association religieuse a saisi le Conseil d’État, lequel a rejeté le référé considérant que la décision du ministre n’était en aucune manière liberticide.
En l’espèce, l’action de Gabriel Attal, approuvée par une large majorité des Français, apporte la preuve qu’en matière de gestion des affaires publiques, le courage et la clairvoyance paient : le jour de la rentrée, seule une poignée d’élèves a refusé de se plier à la règle commune.
Mais ne nous y trompons pas. La tentative d’imposer le port de l’abaya dans la sphère scolaire avait valeur de test : une attitude passive ou molle des pouvoirs publics aurait permis aux marionnettistes instrumentalisant une partie de la jeunesse, d’envisager la mise en avant d’une revendication plus « ambitieuse », comme la contestation de tel ou tel contenu des programmes éducatifs.
Certes, bien d’autres problèmes entravent le bon fonctionnement de l’école et il faudra s’en saisir à bras le corps : effectifs du corps enseignant, revalorisation salariale, déploiement de la réforme des lycées professionnels, lutte contre le harcèlement. Mais la fermeté du ministre, dont on ne peut que se féliciter, aura été un premier coup d’arrêt à une dérive absolument
dangereuse car contraire à nos principes républicains.
Retrouvez ce post d'Alain Camilleri dans le dernier numéro de Lumières Internationales, ici
Image générée par IA Adobe express
Comments