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Le retour des boucs émissaires

  • Photo du rédacteur: Alain Camilleri
    Alain Camilleri
  • 19 mai
  • 2 min de lecture


Salman, Boualem, Kamel, Charlotte. Quatre prénoms, quatre esprits libres. Issus de milieux et de pays différents, n’appartenant pas à la même génération, mais ayant cependant un point en commun : ils et elle s’expriment par leur plume. Or, encore aujourd’hui, il s’avère qu’écrire librement équivaut à vivre dangereusement. Qu’on en juge :

 

Salman Rushdie est visé depuis 36 ans par une fatwa édictée par l’Ayatollah Khomeini pour avoir écrit « les versets sataniques », ouvrage jugé impie et blasphématoire ; cette fatwa faillit se concrétiser lors d’une agression au couteau en 2022 à New York.

 

Boualem Sensal et Kamel Daoud sont des écrivains franco-algériens, musulmans et ouvertement laïcs.

Le premier - 80 ans, souffrant d’un cancer - croupit dans les geôles d’Alger pour avoir osé s’aligner sur la position du Maroc et de la France, au sujet du Sahara occidental. Pour faire bonne mesure, le pouvoir algérien a conseillé au détenu de ne pas choisir un avocat juif !

Le deuxième, lauréat du prix Goncourt pour son ouvrage « Houris », est visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par l’Algérie. L’auteur se serait inspiré de la tragédie d’une algérienne pour construire son dernier roman. Ici, nous sommes confrontés à une persécution judiciaire sans fondements juridiques sérieux. Mais, n’oublions pas que Daoud a exprimé publiquement sa solidarité avec son alter ego Sansal, dénonçant l’arbitraire d’Alger.

 

Penchons-nous maintenant sur le cas de Charlotte Belaïch. Journaliste à Libération, elle vient de publier avec son confrère Olivier Pérou « La Meute », une longue enquête sur le fonctionnement souterrain de la France insoumise. Ulcérés par l’opuscule, les militants de LFI multiplient leurs attaques sur les auteurs et, en particulier, crachent leur venin antisémite sur la coautrice. Il est vrai que Jean-Luc Mélenchon avait préalablement indiqué la « bonne tonalité » en qualifiant Charlotte Belaïch « d’agent du Likoud » !

 

Nous en sommes arrivés là ! Devons-nous attendre le retour des sinistres autodafés pour enfin réagir ? L’apathie de nos démocraties a toujours été perçue par les régimes dictatoriaux, ou les partisans de ces régimes, comme un signe de faiblesse et un formidable encouragement à avancer dans l’abjection. Il est temps de ne plus laisser faire !

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