En quittant le nid familial, l’une de mes filles avait oublié un petit livre de Jean d’Ormesson.
Avant de le lui rendre, j’ai lu - et aimé - ce petit ouvrage qui se dévore en une heure.
Cet ouvrage, « La conversation », est un dialogue imaginaire entre le Premier Consul - Napoléon Bonaparte - et le Second Consul - Jean-Jacques Régis de Cambacérès -.
Ouvrage de fiction historique ? Certes, mais pas tout à fait ! Imaginaire ? Oui, mais pas complétement ! En effet, la totalité des phrases prêtées à Bonaparte sont toutes authentiques, documentées et répertoriées dans divers récits, documents d’archives ou mémoires. Tout le talent de d’Ormesson consiste à utiliser adroitement ces mots pour bâtir cette « conversation » : le résultat est saisissant !
Nous sommes en hiver 1803/1804, au palais des Tuileries ; le Premier Consul a mis un terme
aux dernières convulsions de la grande Révolution de 1789. La thématique de ce bref récit
est simple : quels voies et moyens le Premier Consul doit-il emprunter pour asseoir son
pouvoir et sculpter sa légende ? Au fil des répliques la réponse apparait progressivement
comme une évidence : faire monter la République sur un trône ; celui du Premier Empire !
En refermant ce livre, que je conseille à mes ami(e)s, je me posais cette éternelle double
interrogation : Les personnalités d’exception forgent elles l’histoire ou bien les conditions
objectives du cours de l’histoire font-elles émerger certains personnages hors
normes qui pèsent sur les évènements ?
La question reste posée. Sous le parasol, vous avez quatre heures !
Alain Camilleri
La conversation.
Jean d’Ormesson (Édition Héloïse d’Ormesson)
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