Le 27 novembre 1942, mon beau-père, Marcel Roger a 22 ans.
Marcel est marin-pompier du port militaire de Toulon, ce jour que la Marine française choisit pour saborder sa flotte afin qu'elle ne tombe pas entre des mains ennemies. Au cours de cette "opération " 90% de la flotte française stationnée dans la base navale de Toulon va être détruite. Seules quelques unités arriveront à appareiller, échappant ainsi tant au sabordage qu'à la capture par les forces de l'Axe
Lorsque Monique Roger , l'épouse de Marcel, disparaît à la fin de l'année 2022 , nous découvrons dans ses archives, des photos au format 10x7 de cet évènement, "prises sur le vif pendant les explosions" comme cela est noté au dos des photos.
J'ai trouvé sur Wilkipedia cette illustration intitulée "Scuttling of the Frencheix fleet in Toulon : positions of the ships (some are still missing)" où j'ai surligné les unités citées dans ce post.
On ne retrouve pas le nom du Foch sur cette carte , mais il était amarré Darse de Castigneau. L'Impétueuse, la Dédaigneuse et la Curieuse sont quant à elles dans la Vieille Darse (1) .
Parmi ces photos , nous retrouvons 11 unités :
Le Dupleix
L'Impétueuse,
La Curieuse,
La Dédaigneuse,
La Marseillaise,
Le Foch
Le Vautour,
Le Strasbourg,
Le Commandant Teste,
Le Colbert,
L'Algérie
Voici leurs histoires comme je les ai retrouvées sur l'excellent site consacré à la marine de guerre et la Poste Navale intitulé postenavalemilitaire.com
Certains renaitront de leurs cendres pour sombrer de nouveau sous les bombardements alliés cette fois entre mars et aout 1944.
Ce croiseur incorporé à la 3ème Escadre se fait remarquer par le sauvetage de l'équipage du Transport Seine dans le Golfe de Gascogne en décembre 1932., En 1934, il rallie Toulon et la 1ère Escadre. Il bombarde Gênes en juin 1940 avant d'être placé en gardiennage d'armistice. Il sera sabordé avec la Flotte à Toulon le 27 novembre 1942. Renfloué il sera finalement détruit par un bombardement allié le 11 mars 1944.
Aviso dragueur mis en service en mai 1940, il ne participera pas à la Seconde Guerre Mondiale. Sabordé à Toulon avec la Flotte le 27 novembre 1942, il sera renfloué par les Italiens devenant le FR 54 avant d'être saisi par les Allemands et sabordé de nouveau à Marseille en août 1944
Aviso dragueur, mis en service en 1940, il coula le Sous-marin italien Provana le 16 juillet 1940 avant d'être sabordé avec la Flotte à Toulon le 27 novembre 1942. Renfloué, il deviendra le FR 55 dans la Marine italienne puis le SG 16 dans la Kriegsmarine. Il sera finalement sabordé à Marseille le 15 août 1944.
Dragueur canonnière aviso, mis en service en 1916, il servira essentiellement aux patrouilles en Algérie à la fin de la 1ère Guerre Mondiale. C'est lui qui, en 1920, assurera l'escorte du Bâtiment russe Kronstadt qui deviendra le Bâtiment Atelier Vulcain de la Royale, de Constantinople à Bizerte. Devenu Aviso en 1924, il est affecté à la Division Navale du Levant à Beyrouth avant de devenir une Canonnière l'année suivante et de rejoindre Bizerte.
Redevenu Aviso en 1929, il participera à la Surveillance des Baléares durant la Guerre d'Espagne puis rejoindra en septembre 1939 la 3ème EA à Toulon comme Dragueur. Mis en gardiennage d'Armistice, il sera sabordé avec la Flotte le 27 novembre 1942. Renfloué par les Italiens il devient le FR56 sous leur pavillon avant d'être saisi par la Kriegsmarine et de devenir le M6020.
Il sera finalement sabordé à Marseille le 21 août 1944.
Un croiseur qui connaît une carrière anonyme pour ce croiseur mis en service en octobre 1937 et sabordé à Toulon avec la Flotte le 22 novembre 1942.
Croiseur affecté à Toulon, il participa en 1935 à la protection de nos nationaux lors des évènements de Grèce. En octobre 1939 il est à Dakar puis en juin 1940 il participe aux bombardements de Gênes. Mis en gardiennage d'Armistice à Toulon, il se sabordera avec l'ensemble de la Flotte le 27 novembre 1942.
Ce croiseur mis en service en juin 1932, il fut affecté à la 7ème DCT et participa au bombardement de Gênes de juin 1940. Il se saborda avec la Flotte à Toulon le 27 novembre 1942.
Un cuirassé, bâtiment de ligne mis en service en décembre 1938, il participa aux combats de Mers-el-Kébir face aux britanniques et parvint à s'échapper. Il se saborda avec la Flotte à Toulon le 27 novembre 1942.
Transport d'Aviation selon la terminologie officielle de l'époque, il est considéré comme un Porte-Hydravions puisqu'il était capable d'en mettre en œuvre 26.
Affecté à la 1ère Escadre puis à l'Escadre de la Méditerranée au début de la Seconde Guerre Mondiale, il était à Mers El Kébir lors du bombardement britannique dont il échappa par miracle.
Mis en gardiennage d'armistice à Toulon, il se saborda avec l'ensemble de la Flotte le 27 novembre 1942. Renfloué par les Italiens, il fut de nouveau coulé par un bombardement alliés en 1944.
Croiseur qui en 930, quelques mois avant son admission au service actif, transporte le Président de la République de l'époque, Gaston Doumergue, pour sa visite en Algérie. Intégré à la 1ère escadre de la Méditerranée, il sera de surveillance navale durant la Guerre d'Espagne. Avec le début de la Seconde Guerre Mondiale, il rejoint la 2ème Division de Croiseurs de la 3ème Escadre. En janvier 1940 il est stationné à Dakar en charge de la surveillance de l'Atlantique Tropical et en juin, il bombarde Gênes (Italie). Mis en gardiennage d'armistice à Toulon en janvier 1941, il se sabordera en novembre 1942.
Croiseur mis en service en octobre 1934, il rejoint la 1ère D.C, 3ème Escadre de Croiseurs en août 1939 avant de partir pour Dakar. En mars 1940, il convoie l'or de la Banque de France de Toulon à Halifax et en juin engage le combat avec les italiens au Cap Vado avant de bombarder Gênes. Mis en réserve d'armistice à Toulon, il s'y sabordera le 27 novembre 1942.
Le photographe
Les photos de format initial 10x7, ont été prises par cet homme avec un appareil, qui en 1942, ne pouvait certainement pas être comparé avec le plus déplorable des smartphones de 2023 .
Elles sont passées par Photoshop et ont été colorisées lorsque les filtres ont pu en tirer quelque chose. Soyons-donc indulgents sur la qualité de ces témoignages historiques !
Christian Aubin
NB : les annotations sur les photos sont du photographe, Marcel Roger.
(1) J'ai retrouvé cette information dans Chemins de mémoire publié par le Ministère des Armées, grâce à un ami qui n'est autre que le fils de Pierre Nozières, l'un des 54 membres de l'équipage du sous-marin le Marsoin, qui réussirent à s'échapper vers Alger ce 27 novembre.
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