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« 5 septembre » de Tim Fehlbaum



« 5 septembre » (« September 5 »), film passionnant réalisé par Tim Fehlbaum, et interprété par Peter Sarsgaard, John Magaro, Ben Chaplin, Leonie Benesch relate la couverture médiatique – questionnements éthiques, recherche du scoop - par l’équipe d’ABC Sports de la prise d’otages commise par un commande de terroristes palestiniens du mouvement Septembre Noir, de onze membres de l’équipe sportive israélienne lors des Jeux Olympiques à Munich en 1972 et l’échec de la tentative de libération des otages par la police allemande. Et ce, dans le souvenir de la Shoah et du passé nazi de l’Allemagne.

Sortie le 5 février 2025.


Né en 1982 à Bâle (Suisse), Tim Fehlbaum est un producteur, réalisateur primé  et scénariste « La colonie » (2021), Hell (2011), « Tides » (2021) et « 5 septembre » (September 5). 

Présenté en avant-première à la Mostra de Venise 2024, « 5 septembre » est nommé à l’Oscar du Meilleur scénario original.


Il évoque un évènement imprévu, politique et tragique perçu et traité par une équipe de journalistes sportifs américains d’ABC Sports. Ce qui le distingue du film Munich réalisé par Steven Spielberg qui s'intéressait à la traque des terroristes palestiniens par les services secrets israéliens afin de les tuer.

Lors des Jeux olympiques d’été à Munich, en Allemagne de l'Ouest (Westdeutschland) ou République fédérale d'Allemagne (RFA), l'été 1972, une équipe de diffusion sportive américaine est amenée à couvrir, outre les compétitions sportives, la prise d'otages en direct d'athlètes israéliens, par un groupe terroriste palestinien Septembre Noir, à l’intérieur du moderne village olympique. 


Cette équipe de journalistes et techniciens essentiellement américains – avec un seul Français - travaille dans un espace clos, éclairé d’une lumière artificielle, dont l’épicentre est un bureau avec un mur d’écrans. Elle sort rarement de ce lieu où elle est en contact avec sa hiérarchie aux Etats-Unis. Ignorant la langue allemande, ces journalistes sont dépendants de leur interprète allemande. Les informations parviennent essentiellement de leurs écrans, de l’interprète allemande qui, circulant dans le village olympique pour recueillir des informations, communique avec cette équipe grâce à son talkie-walkie, voire d’autres chaines de télévision et de dirigeants politiques allemands.


En quelques scènes, le réalisateur montre le cadre historique ainsi que médiatique de ces Jeux et de la prise d’otages. La jeune interprète a à cœur, comme les autorités de la RFA, de prouver que l’Allemagne a changé et n’a plus rien en commun avec le IIIe Reich. Les journalistes américains sportifs, sortant de leur train-train, saisissent l’opportunité de montrer leurs qualités professionnelles à l’égal de leurs confrères mieux considérés dans la hiérarchie journalistique. Parmi eux, ceux juifs gardent le souvenir de la Shoah et de l’adhésion de tant d’Allemands au nazisme ; ils s’efforcent de ne pas imputer à la jeune interprète allemande vingtenaire les fautes de ses parents ou grands-parents. Près d’un milliard de téléspectateurs suivaient les épreuves sportives retransmises par la télévision.


Ce film très intéressant pose des problèmes éthiques, dont cette question : Faut-il rendre publique une information sensible dans un contexte tragique et lors de retransmissions en direct ? Et si oui, quand ? Deux journalistes américains illustrent ce dilemme : l’un pressé de publier un scoop, l’autre plus âgé, plus expérimenté. Un troisième louvoie. Et le journaliste vedette semble écarté de ces questionnements.


Les athlètes israéliens apparaissent rarement : un rescapé israélien de la prise d’otages est interviewé à la télévision. Par contre, les terroristes palestiniens de Septembre Noir, méfiants, apparaissent, menaçants.


Des interrogations éthiques datées ? Non. Le 9 janvier 2015, un journaliste de BFM, Dominique Rizet, révélait publiquement sur cette chaine d’information la présence d’une femme cachée dans l’HyperCacher de la porte de Vincennes (Paris) où Amedy Coulibaly commettait son attentat terroriste islamiste. L’épouse d’un otage avait accusé BFM d’avoir mis en danger les personnes dissimulées dans la chambre froide au sous-sol du magasin, car, selon elle, Coulibaly regardait BFM sur son ordinateur.




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