Il contient à peine un demi litre (quarante-six centilitres pour être exact) et se distingue par un gros cul de quatre centimètres d’épaisseur, lui conférant une excellente stabilité qui à l’usage, peut s’avérer très utile.
Voici le pot lyonnais, une bouteille typique que vous croiserez immanquablement dans les « bouchons », ces petits établissements où se retrouvent bons vivants et fines gueules de la
capitale des Gaules. Si sa forme a évolué au cours des siècles, sa contenance actuelle fut fixée au XIXème siècle pour une singulière raison.
À cette époque, les « canuts » du nom de la bobine de fil de soie que ces ouvriers tisserands maniaient avec maestria, encore appelés « soyeux », avaient droit à un litre de vin quotidien payé par leur patron. Ce droit est devenu un avantage acquis… non pour les ouvriers mais pour les patrons. De quoi nourrir un sentiment de révolte avant l’heure !
Ces derniers obtinrent en effet de réduire la contenance du pot de cinquante à quarante-six centilitres. Il devint ainsi possible de remplir deux pots de vin, tout en ménageant un petit reliquat de quatre centilitres que le patron s’octroyait derrière la cravate.
La réédition d’un petit prodige qu’on aurait pu appeler « noces de canut ».
De nos jours, les pots lyonnais dépourvus d’étiquette, arborent sur leur col des élastiques de couleur permettant de distinguer en toute simplicité le Morgon du Juliénas.
La dive bouteille honore donc comme il se doit la cuisine lyonnaise, assurément l’une des plus riches et populaires de l’Hexagone qu’il est inconcevable de passer sous silence, ne serait-ce que pour vous donner l’eau à la bouche.
Citons dans le désordre la cervelle de canut, le tablier de sapeur, les quenelles de brochet, la poularde demi-deuil, le saucisson brioché ou encore la fameuse rosette...
Une telle richesse est exceptionnelle, au point qu’il existe des recettes propres à des quartiers
de Lyon à l’instar du Fromage Fort de la Croix-Rousse.
Les noms des ambassadeurs de cette gastronomie ont fait le tour du monde au premier rang desquels la Mère Brazier et le très médiatique Paul Bocuse, premier Chef décoré de la Légion d’honneur (encore une rosette) dont la joyeuse trogne illumine un large mur en face des Halles qui portent son nom.
Levons notre verre à cette généreuse cuisine !
Retrouvez ce "Clap de faim" dans le numéro 41 de Lumières Internationales
Photos de Corso Maltais
Comments