« Je veux que les gens puissent entendre ma voix et oublier leurs problèmes pendant cinq minutes. Je souhaite que l'on se souvienne de moi pour avoir été moi-même. ».
Près de 13 ans après la mort d'Amy Winehouse, voici un biopic sur cette artiste légendaire décédée bien trop tôt, à l'âge de 27 ans. Le réalisateur est le Britannique Sam Taylor-Johnson dont on se souvient peut-être du film 50 nuances de Grey et qui ne présageait donc pas d'une œuvre profonde.
Malgré ces réticences, la tentative est réalisée et on note la sensibilité d'un cinéaste qui tente d'explorer au moins une partie de la vie d'Amy afin de nous permettre de mieux comprendre les raisons de sa musique et peut-être aussi de sa disparition. Winehouse était une artiste complexe, issue d'une famille juive, avec derrière elle une vie problématique à cause du divorce de ses parents. Elle a donc vécu avec sa mère et un père plutôt absent, mais qui lui a inculqué une passion pour le jazz, qui a rapidement remplacé les autres genres musicaux dans sa vie.
« Je ne comprends pas comment les gens ne sont pas fous du jazz », dit Amy à son père au début du film. En effet, les influences du jazz constitueront la base de son art et contribueront à son succès, avec des chansons qu'elle a elle-même écrites et composées.
L'interprète du film, Marisa Abela, assure vraiment son rôle. Elle est quasiment Amy de bout en bout en termes de ressemblance, de gestuelle et aussi en chanson, lorsqu'elle le fait à la première personne. Cependant, le film se concentre principalement sur la période qui suit le premier disque d'Amy, Frank, et qui précède la sortie de Back to Black. Il ne nous parle donc pas de ses débuts ni de son enfance.
Le film se concentre davantage sur sa relation avec Blake Fielder-Civil, l'homme qu'Amy aimait follement et à qui elle a dédié une grande partie de sa musique. Le réalisateur nous montre comment les deux se sont rencontrés dans un pub, au billard, jeu qu'Amy aimait tant, et par le biais d'intérêts musicaux communs. Dommage que leur relation ait été aussi trop toxique, minée par la consommation d'alcool (Amy) et de drogues (Blake), ce qui a conduit l'artiste, qui avait déjà souffert de boulimie à l'adolescence, à se tourner vers la drogue et à une vie faite de hauts et de bas insensés, de disputes et de retrouvailles continuelles, et de besoin de se soigner. Amy était une femme extrêmement talentueuse, forte et fragile à la fois, amoureuse d'un homme qui avait les mêmes problèmes qu'elle et qui était donc à la fois bien et mal.
Le réalisateur tente de nous raconter tout cela, mais le découpage temporel de la vie d'Amy est parfois trop rapide, si de sorte qu'il est difficile de suivre correctement son évolution et surtout l'impact qu'elle a sur le public en tant qu'artiste.
On voit, comme dans nombreux biopics, la relation ratée avec un succès qui a éclaté soudainement, pour une fille qui essayait plus que tout de s'exprimer à travers la musique, dans un genre qui n'était pas vraiment populaire d'ailleurs. On peut y voir la relation avec les paparazzis qui semblent n'être là qu'à la recherche du scoop ou de la nouvelle qui mettrait en lumière les problèmes de l'artiste. Le père, Mitch, est décrit comme un chauffeur de taxi adorable, amateur de jazz et de crooners, qui fait tout pour sa fille, mais on sait qu'en réalité, comme Blake et d'autres, il a largement capitalisé sur le talent d'Amy.
En revanche, le personnage de Nick Shymansky et celui de sa grand-mère Cynthia, dont la mort par cancer a profondément bouleversé Amy et contribué dans une large mesure à sa déchéance, sont clairement décrits. Les chansons ne sont pas toujours placées dans l'ordre chronologique de leur sortie, ce qui aurait été appréciable. Un film pas parfait donc, disons pas parfaitement cadré, qui permet d'éclaircir certaines choses, et qui est sauvé en partie par la belle prestation de Marisa Abela qui entre vraiment dans la peau d'Amy. Si vous voulez en savoir plus sur le personnage d'Amy Winehouse, je vous recommande ses chansons et l'excellent documentaire Amy, réalisé en 2015 par Asif Kapadia.
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