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Photo du rédacteurAlain Camilleri

« Monsieur Aznavour » un film formi, formi, formidable !




Ce n’est pas la première fois que l’auteur-compositeur-interprète Grand Corps Malade et le réalisateur Mehdi Idir coréalisent un film ; ainsi, après « Patients » et « La Vie Scolaire », les deux complices décident de voir les choses en grand en réalisant un biopic : « Monsieur Aznavour » avec, dans le rôle-titre, Tahar Rahim.


Et puisqu’il est question du premier rôle, il n’est pas excessif de dire que Tahar Rahim accomplit une performance hors norme ; l’acteur s’est littéralement glissé dans la peau de l’immense Aznavour. Dès les premières images le spectateur comprend que Rahim ne joue pas en imitant Aznavour ; non !


De façon extraordinairement mimétique il incarne le chanteur de « Hier encore » et de « J’me voyais déjà » ; tout y est : la posture, la gestuelle, les mimiques et, bien sûr, la voix ; bref, il est Aznavour ! Et il l’est d’autant plus qu’il chante vraiment les chansons qui rythment le film. Ce véritable tour de force est l’aboutissement d’un travail acharné ; ainsi Tahar Rahim confiera : « j’ai appris à chanter comme Aznavour à raison de huit heures de cours de chant par semaine pendant six mois ».


Le film dure plus de deux heures, mais le récit galope et les spectateurs ne voient pas le temps passer. Les séquences s’enchaînent depuis la petite enfance miséreuse au sein d’une famille d’immigrés arméniens jusqu’au triomphe mondial en passant par les années de galère où l’artiste connait la fameuse « Bohème ».

Il est difficile de retenir une séquence plus marquante qu’une autre ; mais risquons-nous d’en évoquer deux : d’abord celle qui met en scène la décision prise par Aznavour de prendre ses distances avec Édith Piaf, interprétée avec justesse par Marie-Julie Baup. Hébergé par la chanteuse, Charles lui sert d’homme à tout faire : chauffeur, secrétaire et confident. Peu à peu, il comprend qu’en étant le satellite d’une star, il a peu de chance d’arriver « en haut de l’affiche » !


Plus loin dans l’opus, devenu une célébrité, Aznavour, dont les qualités d’auteur égalent celles d’interprète, décide de soutenir la cause homosexuelle. Nous sommes en 1972 et l’artiste écrit une chanson évoquant à la première personne les difficultés de vie d’un homosexuel qu’il n’est pas. En dépit de fortes réserves de son entourage, Charles Aznavour table sur l’intelligence du public et « Comme ils disent » sera un grand succès.

En vérité, ce que l’œuvre met en exergue c’est que le talent si incontestable soit-il ne suffit pas. Aznavour n’aurait jamais pu être ce qu’il a été sans une volonté hors du commun doublée d’une puissance de travail inépuisable.


Le film a été fraîchement accueilli par la plupart des critiques qui dénigrent trop souvent le cinéma populaire de qualité ; en revanche, de son côté, le public a répondu présent dès la première semaine, avec plus de 600 000 entrées : voici donc deux bonnes raisons pour se précipiter voir « Monsieur Aznavour » !


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