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Quand l'Histoire refait surface

  • Photo du rédacteur: Marco Bena
    Marco Bena
  • 4 sept.
  • 2 min de lecture
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En 1937, l’Université de Lausanne décerna à Benito Mussolini un doctorat honoris causa en sciences sociales et politiques. Le titre fut remis au dictateur italien, à Rome, par une délégation conduite par le recteur Émile Golay. Le geste, survenu quelques semaines après les massacres perpétrés en Éthiopie par l’armée fasciste, provoqua un tollé international : des lettres de protestation affluèrent du monde entier.

Pourtant, l’Université choisit le silence et la discrétion, laissant l’affaire s’éteindre d’elle-même. Rapidement, le passé fut enfoui : l’institution put éviter toute remise en cause pendant près d’un demi-siècle.


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L’histoire refit surface dans les années 1970 grâce à Claudio Cantini, émigré italien, objecteur de conscience antifasciste et in er à l’Hôpital de Cery.

Informé par un patient que l’Unil avait honoré Mussolini, Cantini entreprit une enquête de longue haleine. Historien autodidacte par la mémoire et la justice, il publia des articles, rassembla des documents et, durant des décennies, réclama l’annulation du titre. En 1987, à l’occasion du 450e anniversaire de l’institution, l’Université rendit

publics les archives et les débats sur l’« affaire Mussolini ». Mais elle refusa toujours de revenir sur la décision de 1937, se réfugiant dans une neutralité silencieuse.


Claudio Cantini
Claudio Cantini

En 2024, sous l’impulsion d’un comité citoyen et après une nouvelle pétition, l’Université de Lausanne inaugura l’exposition « Docteur Mussolini. Un passé sensible ».


Pour la première fois, l’institution condamna officiellement l’acte de 1937, tout en maintenant formellement le titre conféré. Elle annonça parallèlement une politique

mémorielle destinée à assumer ce passé. La longue quête de Claudio Cantini rappelle la force d’une voix singulière : celle d’un émigré italien devenu infirmier en Suisse, qui fit de la mémoire antifasciste un combat citoyen. Grâce à lui, une histoire occultée pendant des décennies put enfin retrouver sa place dans la conscience collective.




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