Retour gagnant
- Alain Camilleri
- il y a 10 heures
- 2 min de lecture

Les années passent, les décennies s’entassent, mais à chaque printemps parisien, l’événement sportif de la Porte d’Auteuil est toujours au rendez-vous. L’engouement populaire pour le tournoi de Roland Garros ne se dément pas, bien au contraire : le millésime 2024 aura attiré 633 000 spectateurs et, en audience cumulée, près de 2 milliards de téléspectateurs répartis dans plus de 200 pays : un record !
Histoire et géographie du tournoi
Le tournoi de Roland Garros vient de loin : 1891 voit la création du « championnat de France de tennis » qui, en 1925, s’ouvre aux joueuses et joueurs étrangers et devient « les internationaux de France ». Le lieu de la manifestation se tient en alternance sur deux sites. Enfin en 1928, avec la construction du stade Roland-Garros, le tournoi s'installe définitivement Porte d'Auteuil.
De Suzanne Lenglen à Iga Swiatek en passant par Martina Navratilova et de Jean Borotra à Rafael Nadal, sans oublier Novak Djokovic, chaque période possède son lot de champions d’exception dont la renommée ira crescendo par le triple effet de la professionnalisation, de la médiatisation et de la démocratisation du tennis.
La grande messe de la porte d’Auteuil
Durant la quinzaine, avant de rejoindre leurs places, les spectateurs déambulent dans les allées du Village où les marchands du Temple vendent leurs bondieuseries tennistiques. Puis, ils vont suivre les matchs avec le son mat des balles sur les raquettes et au rythme des annonces des juges de lignes. Enfin, parfois indisciplinés, ils contestent bruyamment les décisions de l’arbitre dont l’Ite Missa est rituellement : « jeu, set et match ! ». Ces mêmes spectateurs se dégourdissent ensuite les jambes jusqu’à la prochaine partie en commentant résultats et pronostics.
Gare aux dérives !
Désormais, le rôle écrasant de l’argent est consubstantiel à la montée en puissance du tournoi ; ainsi, en 1983, en remportant le tournoi, Yannick Noah empoche - en euros constants - 63.000 euros, tandis qu’aujourd’hui tout joueur ou joueuse éliminé(e) dès le premier tour, recevra un chèque de 78 000 euros…
Cette financiarisation extrême du tennis et la multiplication des tournois se répercutent sur la carrière des joueurs et leur santé.
Ainsi, dans une récente interview, Rafael Nadal qui remporta 14 fois le tournoi, déclare : « depuis que je me suis retiré du circuit, je n’ai pas touché une raquette » et de poursuivre : « mon corps ne suivait plus et, parfois, j’avais du mal à marcher » … Après de tels aveux, ne vaut-il pas mieux préférer la trajectoire d’un Yannick Noah qui, certes, ne gagna qu’une seule fois Roland Garros, mais qui aujourd’hui, sexagénaire bondissant, poursuit une carrière de chanteur et se porte comme un charme.
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