On fait parfois de belles trouvailles dans les bibliothèques familiales.
Assoupi entre deux encyclopédies, un vieux livre à l’épaisse reliure de cuir. Ses pages, raidies par l’encre et des décennies d’hibernation recèlent des lignes de textes serrées, annotées çà et là. En latin, évidemment. La page de garde arbore le nom de Théodose Auzias, avocat à la Cour Royale de Grenoble au XIXème siècle, l’un de ses fiers propriétaires.
Son titre : T. Livii Patavini latinæ historiæ, une rare édition de l’histoire romaine de Tite Live,
imprimée à Venise par Giunta en 1541. La machine à voyager dans le temps a démarré. Destination l’Italie de la Renaissance, près de Florence, chez les Giunti, une famille
d’imprimeurs. Giunta Giunti di Biagio (c. 1407- 1471), le patriarche, eut sept fils et
vit également naître l’imprimerie.
Conscients de vivre un bouleversement d’ampleur, les Giunti se lancèrent dans l’édition, une toute nouvelle technologie de l’information.
À l’époque, la famille faisait commerce de laines et d’étoffes. Une aubaine, puisque le chiffon servait alors à la fabrication du papier, matière première recyclée à forte valeur ajoutée depuis 1454, date supposée de l’invention de Johannes Gutenberg. Filippo, le fils aîné, fonda une papeterie en 1489, mettant au point dans son atelier différentes qualités de papier selon les souhaits de ses commanditaires. Tirant profit de son expérience d’apprenti orfèvre, il inaugura sa propre imprimerie en 1497. Son frère cadet, Lucantonio, fit de même 2 ans plus tard pour
représenter la maison-mère à la cité des Doges. En 1519, c’est son neveu Giacomo qu’il envoya s’établir à Lyon comme libraire-imprimeur.
Là encore, ils durent tout apprendre : manier la presse à bras et ses caractères mobiles, expérimente différents formats et typographies, réinventer la mise en page, établir des règles… L’édition de la Bible par Gutenberg avait montré une voie, il s’agissait d’en trouver d’autres...
Retrouvez la fin de cet article dans le n°36 de Lumières Intrenationales : c'est ici
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